Le manège était spacieux, bordé de gradins pour les spectateurs et partout autour étaient accrochées des lettres de repères pour les cavaliers qui voulaient s'entrainer au dressage. Matt referma la lourde porte en bois derrière nous et ma mère alla s'installer dans les gradins, son appareil photo dans les mains: elle voulait immortaliser le moment pour que mon père puisse nous voir à l'oeuvre, moi et Ouragan. Le petit isabel justement semblait tout exciter à l'idée de se défouler les pattes et pendant que Matt me le tenait, je me demandai depuis combien de temps il n'avait pas été monté. Sans doute un bon moment vu comment il s'agitait ! Mais Matt le tenait fermement par le bout des rênes et il ne put donc qu'esquisser un pas de côté avant d'être rappelé à l'ordre par le palefrenier. Je m'empressai de monter en selle et de régler mes deux étriers à la même longueur. D'un signe de tête j'indiquai à Matt qu'il pouvait lâcher le jeune hongre. Il lâcha donc les rênes, s'écartant légèrement de nous. Ouragan partit directement au pas. Considérant cela comme une désobéissance, je rajustai mes rênes et me redressai: le hongre fut bien forcé de s'arrêter avant de repartir à nouveau, et cette fois suite à une de mes demandes, au pas. Je le guidai vers la piste, les doigts serrés sur les rênes. Pour l'instant, Ouragan semblait avoir du caractère !

➜ Je vais trotter.

Je ne savais pas vraiment quoi faire lors d'un essai sur un poney et comme Matt ne me donnait aucun indication, je décidai de commencer par une détente classique aux trois allures en incluant quelques figures de manège. Rien de bien compliqué et à la portée d'un jeune de six ans. Je commençai d'abord par le marcher quelques tours au pas, en demandant quelques arrêts pour prendre contact avec sa bouche. Ouragan essaya plusieurs fois de forcer l'allure mais à chaque fois je le rappelai à l'ordre en me redressant et en gardant les doigts serrés sur les rênes. Il finit par marcher tranquillement le long de la piste. Je décidai alors de demander le trot. Je desserais mes doigts, les avançant d'un millimètre pour permettre à Ouragan d'allonger son allure puis pressais doucement mes talons en arrière de la sangle. L'isabel s'arrêta net et secoua vivement son encolure, essayant d'échapper à mes actions de jambes et de mains. Comme je n'avais pas pensé à prendre ma cravache, je pressai mes jambes un peu plus fort mais Ouragan s'obstinait toujours à rester arrêté le long de la piste. Alors, je lui donnai un coup de talon pour lui signifier qu'il avait intérêt à avancer et ce, tout de suite ! Le hongre prit le trot la tête haute. Je le savais qu'il ferait encore une autre bêtise à coup sûr. Décidant de me concentrer un peu sur ma position, je trottai enlevé en rythme. Après quelques tours au trot sans encombres, je flattai l'encolure du jeune. Quand il y mettait du sien c'était un gentil poney ! Mais cela ne dura pas et quand je décidai de changer de main par une diagonale, Ouragan essaya de m'embarquer en serrant le mors entre ses dents, si fort que mes actions de main restèrent vaines à l'arrêter. Je savais que ce n'était pas bon qu'il galope ainsi la tête en l'air, surtout pour son dos ! Matt et ma mère avaient toujours les yeux braqués sur moi et j'avais terriblement envie de cette demi-pension. Du coup, j'entamai un cercle sauveur et Ouragan finit par repasser au trot. Je le trottai encore quelques tours à l'autre main avant de le repasser au pas, pas très fière de ma piètre détente. Pour la première fois depuis que j'étais montée sur Ouragan, Matt s'approcha de moi pour me proposer de faire quelques tours de galop. Pas démotivée pour autant, je répondis d'un hochement de tête avant de faire une petite caresse à ma monture.

➜ Je commence à droite.

Au trot sur la piste et à main droite, je me préparai pour un départ au galop que je demandai à la sortie d'un coin pour aider Ouragan à partir sur le bon pied. Mais le petit isabel ne semblait pas en avoir décidé ainsi et il allongea juste un peu le trot. Cette fois je ne me ferai pas avoir et je jouai donc dans mes doigts pour qu'il garde sa tête à la vertical et ne puisse donc pas serrer le mors entre ses dents et donc me faire perdre mon contact. Cela marcha et je redemandai un départ au galop, en donnant cette fois un coup de talon pour faire un peu réagir Ouragan qui passa à l'allure supérieur et ce, sans remonter sa tête. Je vérifiai qu'il était partit sur le bon pied avant de rester bien assise dans ma selle, suivant le mouvement avec ma bassin. A plusieurs reprises Ouragan essaya de ralentir mais comme je gardai mes jambes, il ne repassa pas une seule fois au trot. Je pus apprécier son allure de poney de sport qui était pour ainsi dire très confortable. Après plusieurs tours de galop, je le repassai au trot en laissant doucement filer mes rênes pour qu'il puisse étirer son encolure vers le sol. Mais Ouragan ne semblait pas fatigué pour autant et il continua de trotter, la tête haute et la queue en panache. Finalement, je le repassai au pas avant de venir l'arrêter au centre du manège. Pour aujourd'hui j'en avais eu assez ! Mais en redescendant, je ne pus m'empêcher de lui faire une caresse sur l'encolure.

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